Le Nouveau Carreau du Temple, Paris
Le Carreau du Temple rouvrira ses portes au printemps 2014. Sa renaissance symbolise la volonté de restituer un des rares témoins de la grande tradition des architectures métalliques parisiennes de la fin du 19e siècle mais elle traduit aussi l’attachement de la Ville et de ses habitants pour ce marché couvert, l’âme du Paris d’autrefois. Elément patrimonial du Haut-Marais, cet édifice à l’architecture aérienne se situe à deux pas de l’École supérieure des arts appliqués Duperré et de l’historique square du Temple aménagé par Jean-Charles Adolphe Alphand, l’ingénieur du Baron Haussmann.
Pendant un siècle, son importance économique est considérable pour toute la population laborieuse parisienne. Le brassage des échoppes où se vendent soieries, tapis, linge et accessoires de mode inspire les écrivains du 19e siècle qui prennent souvent le Carreau du Temple pour décor de leurs intrigues ; ainsi, Eugène Sue dans « Les Mystères de Paris » ou encore Paul Féval dans son roman « Le fils du diable ». En 1904, il accueille la première Foire de Paris. Devenu le marché incontournable « du vêtement populaire pour les petites bourses et les coquets », plusieurs centaines de marchands occupent le site et son succès demeure de l’après-guerre jusqu’aux années 1970. Mais peu à peu, les activités de ce temple de la fripe s’amenuisent. Voué à être rasé pour édifier un parking à son emplacement, il est sauvé des bulldozers en 1976 grâce à une pétition signée par cinq mille habitants du quartier opposés à sa destruction.
Un concours d’architecture entre cinq agences a lieu en 2007 et après décision du jury, le projet de restauration du Carreau du Temple est confié à l’agence studioMilou architecture que dirige l’architecte Jean François Milou, auteur notamment du Musée National de l’Automobile à Mulhouse. Commencés en novembre 2009, les travaux s’arrêtent lorsque la reprise en sous oeuvre du Carreau – situé dans l’ancien enclos des Templiers – met au jour des traces archéologiques. Le chantier redémarre en fin 2011, sous la houlette de Thomas Rouyrre, chef de projet, après une année de fouilles.
Une réhabilitation idéale, minimale, révélant une architecture simple, épurée et restituant un des rares témoins de la grande tradition des architectures métalliques parisiennes du 19ème siècle.
Nous proposons de libérer l’espace des halles de toute gaine, réseau ou servitude technique. Nous proposons aussi de minimiser l’impact visuel des interventions sur les façades. Afin de dégager la structure, afin de la baigner de lumière sur toutes ses faces.Ainsi l’architecture se révélera, lumineuse, mise au service de l’espace comme de grands parapluies posés sur un morceau d’espace public. Inox, bois de châtaignier gris, acier laqué gris bleu, volumes intérieurs gris et or.
Le travail des matériaux et des couleurs sera décliné pour jouer par ses couleurs avec l’architecture et le ciel de Paris.
Nous proposons pour le nouveau Carreau du Temple une composition quasi urbaine de l’espace intérieur, organisant à tous les niveaux, des espaces jumeaux autour d’un axe central et d’un déambulatoire périphérique. Derrière ce dispositif de plans se cache une polyvalence et une réversibilité quasi infinie,qui restera une ressource pour le bâtiment à toutes les étapes de sa vie.
Le projet propose la création en rez de chaussée d’un véritable auditorium, confortable, musical, desservi par un foyer spectaculaire en bordure de rue. L’auditorium au rez de chaussée témoignera de la dimension culturelle du projet. Les dessins nous montrent que sa présence travaille, aussi, à la révélation de la pureté du volume ouvert de la halle comme une carapace dorée révélant par contraste l’entière dimension de la nef principale. L’organisation du projet propose de faire de l’entresol un étage de service.Ce parti pris technique permettra d’innerver toutes les activités du carreau à partir du sol, libéré de toute canalisation, gaine, et appareil, le volume intérieur conservera son caractère initial libre et ouvert.
Dans le même esprit, le projet propose tout un dispositif de praticables encastrés qui s’élèveront ou s’effaceront à volonté. Ce dispositif permettra d’élever à volonté des écrans d’occultation ou des gradins périphériques et créera sous la halle un paysage de polyvalence allant jusqu’à l’ouverture complète sur l’espace public. Ce dispositif mécanisé et automatisé permettra à l’exploitant du Carreau de changer seul et en quelques minutes la configuration du Carreau par simple rétractation des écrans et gradins.
La présence récurrente du bois
Blond, parfois doré sous les reflets des rayons du soleil traversant les verrières, le bois de chêne est omniprésent dans l’habillage intérieur du Carreau. Ce choix fait par studioMilou architecture participe à la recommandation des Monuments Historiques de toujours différencier l’architecture contemporaine, mais il correspond aussi à la volonté du maître d’œuvre de trouver un matériau assez « chaud » pour mettre en valeur la structure métallique. En outre, ce bois de chêne travaillé à la manière d’une marqueterie apaise l’espace et magnifie la légèreté des nefs.
Une double peau, traitement thermique et acoustique de l’enveloppe
À l’intérieur des Halles, une double peau en parement de chêne est positionnée à 45 cm en retrait des arcatures en tôle et des poteaux extérieurs. Elle permet de répondre à toutes les contraintes thermique et acoustiques. Des joints creux reprennent la composition horizontale des trois éléments verriers des façades et camouflent des stores qui contrôlent la lumière et les apports thermiques en été. Quant aux chevrons en chêne strié du plafond – et à la demande de l’ABF – ils font écho aux voliges d’autrefois qui protégeaient l’intérieur du toit.
Une réponse aux objectifs de développement durable
La conservation de la transparence complète des lanterneaux permet de maintenir une grande quantité de lumière zénithale des trois nefs. Cette transparence est toute fois atténuée sur les versants Sud par la mise en place de cellules photovoltaïques autorisant une protection solaire les jours de plein soleil. Les cellules de dimensions 10 x 15 cm sont disposées comme des pixels surdimensionnés formant un dessin de moins en moins dense vers le faîtage. Au Nord, un dessin identique mais aux pixels évidés, forme une antisymétrie laissant passer la lumière.
Les verrières des lanterneaux ont été entièrement déposées et remplacées par des verrières à profils en acier de faible largeur et double vitrage. Le rythme des profils en acier est calé sur ceux des traverses des verrières et des poteaux, supports des grilles décoratives existantes. Les grilles sont également conservées et restaurées. Visibles depuis l’intérieur des halles, elles jouent de la même façon un rôle de brise soleil sur les façades Sud.
Chief Architect and Principal Consultant
studioMilou architecture
Jean François Milou, principal architect and lead designer
Thomas Rouyrre, architect and project manager
Shinobu Takaso, architect, main assistant architect, interior design and signage
Lorène Pouliquen, architect dplg, main assistant architect, 2008-2010
Jean Loup Baldacci, architect dplg, independent competition design and 3D
Sébastien Guiho, architect dplg, assistant architect
Florence Soulier, contracts and legal affairs
Agueda de Urruela, administrative assistant for construction period
Fernando Javier Urquijo, photographer
The following also contributed to the project : Volha Aukimovich, Laurence Macheboeuf, Angel Menéndez, Eudora Tan,Tae Woo Kim, Nicolas Huche, David Tresilian, Antoine le Fraiteur
Technical Consultants
Bollinger + Grohmann, Simone Murr, structural engineers
Batiserf Ingénierie, Pierre Olivier Cayla, structural engineers
Inex, Pierre Gimla, Pascal Astasie, mechanical & electrical engineers
Ayda, Yves Dekeyrel, acoustics, competition to detailed design
Tribu SARL, Emilie Rocha, design, Camille Morvan, environmental quality
Architecture et Technique, Jacques Moyal, auditorium design
Cosil, Gérard Foucault, Nawel Créach-Dehouche, lighting design
Bureau Michel Forgue, Michel Forgue, J.Yves André, quantity surveyors
Contracting Authority
Ville de Paris
Direction du Patrimoine et de l’architecture / ACOP :
Jean-Francois Danon, Marie Hélène Borie, director DPA
Virginie Katzwedel, architect, project manager
Christophe Crippa, assistant project manager
Direction Jeunesse Sports, Eric Ringenbach, project supervisor
Algoé, Alexandre Picoulet, Marion Talarmin, technical and quantity surveyors, advisors to the contracting authority
Veritas, Pascal Queru, Alain Beyrand, Anne-Sophie Nizet BC, quality supervisor
IPCS, Pascal Jaton, Ludovic Beyneix, Raphael Picciotino, David Pieron OPC, planning of the works
Maximis, Cyril Bernu, SSI Coordinator, fire safety coordination, project manager
I2S, Alain Deruy, security supervisor
Coteba, Dany Pochol, operations management
IUD Seges, Tehrani until August 2013 (CSPS), on-site workers social health safety compliance
Cossec, Frédéric Achaintre since September 2013 (CSPS), on-site workers social health safety compliance
Erich Berger (CSTB), technical centre studies of the building
Consultants
Marie-Hélène Didier, conservateur-général des monuments historiques, advisor on heritage buildings (DRAC)
Sophie Hyafil, architecte des bâtiments de France, state heritage architect (ABF)
Philippe Simon, architect, heritage study
Musée Carnavalet, Paris (documents and heritage areas)
Renée Davray-Piékolek, chief curator, Musée Carnavalet
Catherine Tambrun, manager, photographic collections, Musée Carnavalet
Operator
Société Publique Locale Le Carreau du Temple
Jean-Luc Baillet, director-general, Carreau du Temple CEO
Jean Pierre Belet, technical director, Carreau du Temple
Maroussia Jannelle, graphic designer and signage
www.carreaudutemple.eu
Address : 4, rue Spuller 75003 PARIS
Area: 9045.20 m2
Construction Cost (estimated): 34.8M € excluding tax
Overall Costs: 60M € excluding tax
Official Opening: 20 February 2014
Public Opening: April 2014